La cavalerie afchare
Monsieur
Comte de Nesselrode
№ 212
Tauris. 30 novembre 1828
Depuis que j'ai eu l'honneur de
vous adresser mon dernier rapport, rien de nouveau ne s'est passé ici, si ce
n'est que Mahmoud-pacha de Souleymaniéh et de Kerkouk est venu demander du
secours à Abbas-Mirza contre la tribu de Bérandouz, et d'autres qui ont refusé
de lui obéir. Comme ces tribus habitent les montagnes, situées entre les deux
frontiéres persane et turque, il se pourrait bien que cette circonstance mît en
conflit les intérêts des deux pays. Mahmoud-pacha a apporté 10 mille tomans au
Prince pour appuyer sa demande, et cet argent, sitôt reçu, fut envoyé à Abbas-Abad,
pour être remis à nos fonctionnaires. Abbas-Mirza a accordé à Mahmoud-pacha
tout ce qu'il a pu recruter à la hâte: deux bataillons de sarbazes, la
cavalerie afchare et deux canons dont j'ai fourni l'attelage avec les chevaux
qui m'ont amené ici. C'est demain que cette troupe se met en marche avec
l'injonction de ne pas outrepasser la frontière turque. Cependant on écouta
avec plaisir les propositions que le pacha a avancées relativement à Bagdad,
qu'il se faisait fort de conquérir pour le Prince, il lui offrait même deux
courours, pourvu qu'on lui donnât les troupes nécessaires pour réaliser son
plan de conquête. Mais comme le Prince n'est pas en mesure de mettre sur pied
une force militaire suffisante la chose en resta là. Une agression de ce genre
n'aurait eu rien d'extra-ordinaire, nonobstant la paix qui subsiste entre la
Perse et la Turquie, pour quiconque est familiarisé avec le caractère persan.
L'impuissance seule a empêché que le Prince ne se rendît à des offres aussi séduisantes,
et, quelques efforts que les Anglais eussent pu faire pour l’en détourner, ils
n'auraient pas été écoutés.
Alexandre Griboyedof
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