Tuesday, November 22, 2016

La cavalerie afchare (Alexandre Griboyedof, 1828)

La cavalerie afchare



Monsieur Comte de Nesselrode
№ 212
Tauris. 30 novembre 1828
Depuis que j'ai eu l'honneur de vous adresser mon dernier rapport, rien de nouveau ne s'est passé ici, si ce n'est que Mahmoud-pacha de Souleymaniéh et de Kerkouk est venu demander du secours à Abbas-Mirza contre la tribu de Bérandouz, et d'autres qui ont refusé de lui obéir. Comme ces tribus habitent les montagnes, situées entre les deux frontiéres persane et turque, il se pourrait bien que cette circonstance mît en conflit les intérêts des deux pays. Mahmoud-pacha a apporté 10 mille tomans au Prince pour appuyer sa demande, et cet argent, sitôt reçu, fut envoyé à Abbas-Abad, pour être remis à nos fonctionnaires. Abbas-Mirza a accordé à Mahmoud-pacha tout ce qu'il a pu recruter à la hâte: deux bataillons de sarbazes, la cavalerie afchare et deux canons dont j'ai fourni l'attelage avec les chevaux qui m'ont amené ici. C'est demain que cette troupe se met en marche avec l'injonction de ne pas outrepasser la frontière turque. Cependant on écouta avec plaisir les propositions que le pacha a avancées relativement à Bagdad, qu'il se faisait fort de conquérir pour le Prince, il lui offrait même deux courours, pourvu qu'on lui donnât les troupes nécessaires pour réaliser son plan de conquête. Mais comme le Prince n'est pas en mesure de mettre sur pied une force militaire suffisante la chose en resta là. Une agression de ce genre n'aurait eu rien d'extra-ordinaire, nonobstant la paix qui subsiste entre la Perse et la Turquie, pour quiconque est familiarisé avec le caractère persan. L'impuissance seule a empêché que le Prince ne se rendît à des offres aussi séduisantes, et, quelques efforts que les Anglais eussent pu faire pour l’en détourner, ils n'auraient pas été écoutés.



Alexandre Griboyedof

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