Wednesday, August 9, 2017

Turks d’Azerbaïdjan (RMM, 1923)

Turks d’Azerbaïdjan




Les populations turkes de Transcaucasie, plus communément désignées sous le nom de Tatares d'Azerbeïdjan, sont, comme tous les Turks, originaires de l'Orient asiatique.
Les premières colonies de Turks de Transcaucasie et de Perse furent fondées par les tribus seljoucides dans le courant du xi° siècle. Deux siècles plus tard les hordes turco-mongoles de Tchinghiz Khan, sous le commandement de Houlakou Khan, vinrent renforcer l'élément turk. L'histoire n'a conservé d'eux que le nom de quelques tribus dont on retrouve les descendants dans l'Azerbeïdjan persan ou en Transcaucasie, ce sont les Turks Djalaïr qui comprennent près de 200.000 familles. Ils sont venus de Perse où ils avaient été emmenés par Houlakou Khan, petit-fils de Tchinghiz Khan, les Kadjar d'où est originaire la dynastie persane de même nom emmenés par Timour au nombre de 50.000 familles les Aouchar, les Chahzeven, les Begdilli, les Kara-Papakh, les Rachkaï, les Allaverdi, les Karakoyounlou, les Djanbeglou, les Ouzanlou, les Aboulhassanlou, les Kengherlou, les Djerrouz, les Kellekoul, les Hadja-Ali, les Cheikhlou, les Kilidj, etc.
Le nom de certaines de ces tribus, les Hodja-AIi, les Begdilli, les Kengherlou, les Bayat, les Kachkai se retrouvent parmi les noms de tribus turkmènes. Kilidj est le nom d'une ancienne tribu turke.
Parfois encore le nom d'une tribu a été donné à quelque village du Caucase. C'est ainsi que M. Zeidlitz, dans ses études sur l'ancien gouvernement de Bakou, parle des villages de Kengherlou, de Kouman ou Koumanlou, de Bayat, de Karakoyounlou, de Kadjar.
Les statistiques russes de 1886 accusaient 1.139.659 Tatares d'Azerbeïdjan disséminés sur le territoire des anciens gouvernements de Bakou, Elisabethpol (Gandja) Erivan, Tiflis et Daghestan. Dans ce chiffre de peuples turco-tatares n'étaient pas compris 70.000 Turks Osmanlis du gouvernement dé Koutaïs et de Kars et 28.366 Kapa-Papakh de la province de Kars rétrocédée à la Turquie.

L'une des tribus les plus influentes est celle des Chahzeven. qui, il y a quelque quarante ans, nomadisait dans les steppes de Mougan en Azerbeïdjan et qui, l'été venu,se transportait dans les montagnes de la région d'Ardebil en Perse.
Les Turks Azerbeïdjanis présentaient une masse compacte dans le territoire qui, de la Caspienne à l'est, s'étend vers la Turquie et la Géorgie à l'ouest, la Perse et l'Arménie au sud et sud-ouest et ta chaîne des montagnes du Caucase, au nord. Bien que parlant une même langue, les Turks Azerbeïdjanis étaient divisés en plusieurs khanats indépendants administrés par des khans : Khanats de Guendjé, d'Erivan, de Nakhitchevan, de Karabagh, de Chirvan, de Bakou, de Talych, de Kouba, de Chéki, etc. Chacun de ces khans jouissait d'une complète indépendance aussi bien dans vie intérieure de leur khanat que dans les relations extérieures avec les États voisins. Ils concentraient dans leurs mains l'ensemble des pouvoirs législatifs, administratifs et judiciaires : ils avaient le droit de battre monnaie, de percevoir les impôts, d'avoir une armée nationale, des représentants à l'étranger. En 1562, le souverain du Chirvan, Abdullah Khan, envoya une ambassade à Moscou chez le tsar Ivan IV le Terrible.
Un courant commercial s'était ainsi développé avec les étrangers qui, de plus en plus nombreux, venaient s'établir dans ces khanats, parfaitement policés, sous la protection même des khans. Attaqués par leurs puissants voisins du nord et du sud ces khanats ne purent longtemps se défendre. Après avoir repoussé les Persans, ils durent faire face aux Russes contre lesquels ils soutinrent une lutte très longue mais malheureuse. Ils finirent par succomber et passèrent sous la domination des tsars de Russie.


Turks Azéris (d’Azerbeïdjan) RMM, tome LVI, Décembre 1923, p. 89—91

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