Turks d’Azerbaïdjan
Les populations turkes de Transcaucasie, plus communément
désignées sous le nom de Tatares d'Azerbeïdjan, sont, comme tous les Turks,
originaires de l'Orient asiatique.
Les premières colonies de Turks de Transcaucasie et de
Perse furent fondées par les tribus seljoucides dans le courant du xi° siècle.
Deux siècles plus tard les hordes turco-mongoles de Tchinghiz Khan, sous le
commandement de Houlakou Khan, vinrent renforcer l'élément turk. L'histoire n'a
conservé d'eux que le nom de quelques tribus dont on retrouve les descendants
dans l'Azerbeïdjan persan ou en Transcaucasie, ce sont les Turks Djalaïr qui
comprennent près de 200.000 familles. Ils sont venus de Perse où ils avaient
été emmenés par Houlakou Khan, petit-fils de Tchinghiz Khan, les Kadjar d'où
est originaire la dynastie persane de même nom emmenés par Timour au nombre de
50.000 familles les Aouchar, les Chahzeven, les Begdilli, les Kara-Papakh, les
Rachkaï, les Allaverdi, les Karakoyounlou, les Djanbeglou, les Ouzanlou, les
Aboulhassanlou, les Kengherlou, les Djerrouz, les Kellekoul, les Hadja-Ali, les Cheikhlou,
les Kilidj, etc.
Le nom de certaines de ces tribus, les Hodja-AIi, les
Begdilli, les Kengherlou, les Bayat, les Kachkai se retrouvent parmi les noms
de tribus turkmènes. Kilidj est le nom d'une ancienne tribu turke.
Parfois encore le nom d'une tribu a été donné à quelque
village du Caucase. C'est ainsi que M. Zeidlitz, dans ses études sur l'ancien
gouvernement de Bakou, parle des villages de Kengherlou, de Kouman ou
Koumanlou, de Bayat, de Karakoyounlou, de Kadjar.
Les statistiques russes de 1886 accusaient 1.139.659
Tatares d'Azerbeïdjan disséminés sur le territoire des anciens gouvernements de
Bakou, Elisabethpol (Gandja) Erivan, Tiflis et Daghestan. Dans ce chiffre de
peuples turco-tatares n'étaient pas compris 70.000 Turks Osmanlis du
gouvernement dé Koutaïs et de Kars et 28.366 Kapa-Papakh de la province de Kars
rétrocédée à la Turquie.
L'une des tribus les plus influentes est celle des
Chahzeven. qui, il y a quelque quarante ans, nomadisait dans les steppes de
Mougan en Azerbeïdjan et qui, l'été venu,se transportait dans les montagnes de
la région d'Ardebil en Perse.
Les Turks Azerbeïdjanis présentaient une masse compacte
dans le territoire qui, de la Caspienne à l'est, s'étend vers la Turquie et la
Géorgie à l'ouest, la Perse et l'Arménie au sud et sud-ouest et ta chaîne des montagnes
du Caucase, au nord. Bien que parlant une même langue, les Turks Azerbeïdjanis
étaient divisés en plusieurs khanats indépendants administrés par des khans :
Khanats de Guendjé, d'Erivan, de Nakhitchevan, de Karabagh, de Chirvan, de
Bakou, de Talych, de Kouba, de Chéki, etc. Chacun de ces khans jouissait d'une
complète indépendance aussi bien dans vie intérieure de leur khanat que dans les
relations extérieures avec les États voisins. Ils concentraient dans leurs
mains l'ensemble des pouvoirs législatifs, administratifs et judiciaires :
ils avaient le droit de battre monnaie, de percevoir les impôts, d'avoir une
armée nationale, des représentants à l'étranger. En 1562, le souverain du
Chirvan, Abdullah Khan, envoya une ambassade à Moscou chez le tsar Ivan IV le
Terrible.
Un courant commercial s'était ainsi développé avec les étrangers
qui, de plus en plus nombreux, venaient s'établir dans ces khanats,
parfaitement policés, sous la protection même des khans. Attaqués par leurs
puissants voisins du nord et du sud ces khanats ne purent longtemps se
défendre. Après avoir repoussé les Persans, ils durent faire face aux Russes
contre lesquels ils soutinrent une lutte très longue mais malheureuse. Ils
finirent par succomber et passèrent sous la domination des tsars de Russie.
Turks Azéris
(d’Azerbeïdjan) RMM, tome LVI, Décembre 1923, p. 89—91
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